La pêche à la moule à la pierre est une technique de pêche bien marseillaise qui se pratique normalement du bateau pour la pêche des dorades et des veirades (sar à tête noire).
C'est une des techniques les plus efficaces qui soit, bien pratiquée, sur un bon coup, des dizaines de kilos de poissons nobles peuvent être pêchés en une partie de pêche.
Traditionnellement sur des accidents de relief à 50 mètres de fonds environ (un poste connu est près de Tiboulen du Frioul), le pointu est fixé par deux mouillages qui forment un angle de 90° face au vent, le poste est alors abondamment bromégé avec des moules puis la pêche commence : une pierre d'un volume qui serait celui d'un citron ou d'une grosse mandarine par ex (attention des pas civilisés se procurent des stocks de pierres de façon quasi criminelle, ne faites pas pareil sinon…), une moule ouverte fixée à la pierre par un élastique, et l'hameçon fixé directement à la chair de la moule.
Avantages : l'appât descend à toute allure et échappe ainsi à la prédation des bogues ou des mandoules - pas d'enraguage au fond - pas de montage, on pêche en prise directe avec le poisson - les poissons sont obligés de venir manger à la verticale et de piquer avec force l'appât pour s'en nourrir - "Avant" en encore pour beaucoup aujourd'hui, la pêche à la moule à la pierre se pratiquait à la main, sans canne ni moulinet, et le ferrage s'effectuait dès qu'il n'y avait plus de tension sur la ligne : c'était le signe que le poisson tenait la moule sans la pierre au dessus du fond. Il semblerait plus efficace, à mon avis, de pêcher avec une canne à buscle de 3 mètres de long environ pour avoir de l'amplitude au ferrage (le fil est très distendu sur 50 mètres dans l'eau) et aussi de ferrer pendant l'attaque du poisson sur la moule, ainsi on ferre souvent dans le vide mais dans l'ensemble ça doit faire la différence, les poissons sont piqués avant d'avoir éventuellement engamé, on risque moins d'avoir l'hameçon fondu par la dentition de la dorade.
Pour pratiquer la pêche à la moule à la pierre du bord, il faut pêcher à un endroit propice : assez près de la surface de l'eau – pas plus d'1.50 mètres et là où il y a du fond à mon avis minimum 6/7 mètres, l'idéal étant à l'aplomb d'une falaise sous marine. Gros avantage, on peut pêcher à des endroits poissonneux impêchables à cause de la croche et des enraguages.
Avant de pêcher, c'est mieux de préparer le terrain en envoyant régulièrement à l'eau des morceaux de coquilles de moules écrasées.
Pour les pierres, les choisir de la dimension d'un abricot avec des arêtes qui puissent assurer une bonne tenue à l'élastique. Par exemple, éviter les formes pyramidales et opter pour des formes parallépipédiques.
Pour la grosseur des pierres, elles sont plus petites que pour la pêche en bateau car il y a beaucoup moins de fond, la pierre sert surtout par son poids à passer le barrage des bogues, castagnoles, blades…
L'eschage : glisser délicatement la pointe du couteau entre une des coquilles et la chair de la moule, faire glisser la lame du couteau jusqu'au nerf ou gros ligament qu'il faut sectionner. A cet instant les 2 valves se séparent et on peut délicatement rabattre toute la chair de cette partie de la coquille vers l'autre. La dorade n'est pas regardante, on peut laisser le byssus (la barbe). Glisser d'abord la pointe puis l'hameçon entier sous le ligament. A cet effet, pour faire passer la palette sans accident, tirer l'hameçon en le tenant par la courbure en imprimant une force vers la coquille. Tirer quelques centimètres de fil, puis repiquer l'hameçon en l'accrochant au filament ou nerf près du pied de la moule. Tendre le fil, poser la moule ouverte sur une surface plane de la pierre et faire passer l'élastique par dessus la partie vide de la coquille. Au besoin, refaire un tour d'élastique autour de la pierre.
Matériel : canne à buscle très sensible environ 3.5 mètres, moulinet léger, fil 25/100 bas de ligne 60 cm environ de 25 ou 22/100, hameçon en fonction des moules de 4 à 2/0, je les préfère droits et déportés pour un meilleur ferrage (les rentrants sont plus prenants au palangre), élastiques : plus ils sont petits, moins il y a de tours à faire, donc moins de danger à rater l'affaire.
Action de pêche : idéalement on est assis près de l'eau et on pose à la main la pierre sur l'eau. Il est possible aussi de déposer la pierre plus loin sur l'eau avec la canne, mais c'est risqué puisque la pierre pèse très lourd hors de l'eau et il y a des risques que l'eschage se déchire. Dans ces conditions, lorsque c'est moins facile et qu'il faut un peu « envoyer » : debout, ouvrir le pick-up du moulinet, frein desserré, avec l'index et le pouce tenir le fil, de l'autre main en tenant la pierre abaisser le bras en arrière en tirant sur le fil, positionner la canne à l'horizontale, veiller à la direction du vent pour qu'il n'y ait pas de frottement sur les anneaux de la canne, lancer d'un geste ample et non violent la pierre à l'endroit souhaité, sentir le fil qui se déroule, c'est bon signe le montage a tenu, jusqu'à ce que la pierre arrive au fond. Très vite tendre délicatement le fil et veiller aux minuscules mouvements et pressions sur le le buscle, c'est le signe d'un poisson qui se tanque sur la moule. A différencier des multiples tocs reconnaissables des girelles et d'autres petits poissons qui malgré la difficulté dénudent la coquille en très peu de temps. Ferrer d'un mouvement ample et ferme, attention lorsque c'est une belle pièce on a l'impression d'avoir accroché le fond ! attention au rush il faudra laisser partir en maintenant la pression, ne pas laisser de mou au poisson. Salabre à l'arrivée. Conseil, lorsqu'un beau poisson a été pris, changer l'hameçon et le bas de ligne, ils ont forcément souffert.
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