Jean-Louis était parisien, il est marseillais depuis cinq ans, pratique la pêche du bord depuis quelques années et de très beaux résultats sont au rendez-vous ! le secret ? : la consultation de sites internet spécialisés, la lecture d'ouvrage, le visionnage de cassettes, une pratique assidue, plus la PASSION !
Voici une pêche originale qui permet de tromper habilement la vigilance légendaire des sparidés chipoteurs.
Je la pratique au bord des rochers, le long de la côte, entre Marseille et Cassis. Cette pêche demande un matériel léger car il faudra explorer, canne toujours en main, les moindres coins et recoins susceptibles d'accueillir nos poissons préférés.
La mobilité est la première clé de la réussite : si le poisson ne vient pas à moi, je vais à lui. J'ai remarqué effectivement que la prise de poisson, en Méditerranée, dépendra le plus souvent de mon dynamisme et non de mon fatalisme lorsque je suis confortablement assis à côté d'une canne calée, attendant le bon vouloir épisodique des jolis sars &
Le matériel.
J'utilise de préférence une
canne bolognaise (canne au coup avec des anneaux et un porte- moulinet) de
6 mètres de long en carbone. La longueur de cette canne permet de littéralement poser l'appât à l'endroit précis choisi, tout en restant discret, c'est à dire en retrait du bord. Malheureusement la prise au vent de ce type de canne est très importante et dès qu'il se lève et il se lève souvent à Marseille, la tenue en main de la canne devient vite pénible. Aussi lorsque c'est nécessaire je me replie sur une canne à moulinet très légère à action de pointe avec un manche recouvert de liège pour le confort (et l'esthétisme !). La sensibilité du scion est primordiale.
Le montage.
Il est la deuxième clé de la réussite et déconcertant de simplicité. Comme l'indique le nom à rallonge de cette pêche
il n'y a pas de plomb : c'est le poids de la moule qui le remplace. Les avantages sont évidemment multiples : aucune résistance à la traction pour les poissons méfiants, évolution naturelle de l'esche, pas de risque d'enraguer (accrocher), excellentes sensations garanties !
Le moulinet, style lancer léger, est rempli à ras bord, pour un bon déroulement du fil, de monofilamant 22/100. Le bas de ligne, un mètre de 20/100, est relié par un simple noeuud de raccordement de votre choix (j'aime bien le noeud de chirurgien des moucheurs). En ce qui concerne le fil du bas de ligne, j'ai une préférence pour le Falcon Prestige qui donne 5,42 kgs en 20/100. Si certains ne sont pas rebutés par son prix encore élevé, le Falcon Super Hard Carbon en fluorocarbone est encore mieux car son faible taux de réfraction le rend quasiment invisible : en pêche, c'est souvent une somme de petits détails qui fait la différence &
Le montage est terminé : pas de flotteur, pas de plomb, pas d'émerillon & il y a tout de même un hameçon n° 4 à l'extrémité de la ligne !
L'appât.
La moule est formidable : son pouvoir attractant n'est plus à démontrer, on se la procure facilement, même si on l'achète (priorité aux moules de Calais ou de bouchot), le prix reste abordable, sans comparaison avec les boites de mourron, esche dure et autres vers. Seul inconvénient : tout le monde immergé en raffole (même les grosses saupes pourtant herbivores !) et les castagnoles, sarans, bogues, girelles, petits racaous and Co seront pour un jour nos pires ennemis. En fait la véritable contrainte de cette pêche est qu'il convient de changer très fréquemment l'appât.
J'utilise quatre méthodes d'eschage qui ont leurs avantages et inconvénients respectifs :
- La fameuse
emboitée : la moule est protégée des assauts des petits poissons mais convient sans doute mieux aux pêches d'attente.
- L'
ouverte : le poids des deux valves est utile au lancer et à la descente de la moule vers le fond mais elle enrague assez facilement.
- L'
assiette : elle accroche peu mais la présentation semble moins naturelle que les précédentes.
- La
décortiquée : facile à escher (ne pas hésiter à charger l'hameçon afin de donner du poids) mais peu sélective, les grosses saupes et gros roucaous seront souvent piqués & n'oublions pas que nous pêchons le sar !
En résumé c'est & l'inspiration du moment qui me dicte une méthode d'eschage.
Récemment, sur les conseils avisés du créateur de ce site, j'ai ajouté, relié à un émerillon pater noster, un deuxième bas de ligne identique au premier. Ce montage en fourche autorise un panachage : moule ouverte et moule décortiquée par exemple & les résultats sont prometteurs. Dans tous les cas, un grand soin sera apporté à la présentation de la moule. Une partie de pêche nécessitera 1 kg de moule environ.
L'action de pêche proprement dite.
Il s'agit donc d'une
pêche itinérante : je vais à la rencontre du poisson en longeant la côte de rochers en rochers. C'est aussi une pêche de proximité où une totale discrétion s'impose : pas de mouvement brusque, pas de bruit. Je suis toujours en retrait du bord, accroupi si nécessaire, à l'affût quoi !
Je lance en souplesse dans un mouvement de balancier la ligne entre 1mètre et 5 mètres du bord : pourquoi aller chercher à 50 mètres le poisson qui vie sa vie, rigolard, à mes pieds !? La moule une fois lancée descend paisiblement, elle est déjà repérée par le menu fretin. Si des sars vadrouillent à proximité ils ne manqueront pas, eux aussi, l'objet de toute les convoitises. Alors l'alternative est simple : ou bien la moule est dévorée dans la minute par les petits poissons ou bien dans les deux minutes un sar (voire une dorade) l'aura franchement engamée.
Il faudra remonter perpétuellement la ligne pour escher : c'est la troisième et dernière clé de la réussite.
Lorsque le sar est piqué, sans le ramener en force, je le bride en douceur mais fermement : le terrain est souvent propice aux refuges que le poisson cherchera coûte que coûte à rejoindre.
Cette pêche est exigeante : il faut se déplacer avec le matériel, rôder sans cesse et parfois dans des endroits accidentés pour débusquer nos amis. Une fois piqués, il serait donc trop frustrant de les perdre : c'est pour cette raison que je
salabre systématiquement. Si salabrer est trop délicat je repère toujours un emplacement susceptible de mettre au sec le poisson en m'aidant des vagues.
Ces efforts sont récompensés,
les bredouilles sont vraiment rares, les bonnes surprises (dorade, blanquette,pointu) sont au menu et le sentiment d'avoir mérité son poisson tout en pratiquant un sport est bien réel.
En route !