Il s'agit de la dorade royale, la seule, la vraie,
avec un maquillage jaune/orangé autour de l'œil,
qui peut peser plusieurs kilos, les petits spécimens jusqu'à ½ kilo
sont appelés "
blanquettes ".
Autre écriture : daurade. Méfiez-vous des contrefaçons :
il existe une dorade dite grise que l'on pêche dans les grands fonds
en méditerranée et surtout en atlantique.
Certains quelquefois osent appeler les saupes " dorades rayées " !
Quand ? à la fin du printemps et jusqu'à l'automne.
Où ? je ne vous donnerai pas mon coin favori
mais
si vous bravez l'interdiction du pam port autonome de marseille, pour cause de nième année de plan vigipirate qui l'arrange bien
et conforte sa jalousie imbécile, les kilomètres de quais déserts
(hormis le coin des ferries) sont garnis de moules et propices à cette pêche.
Des milliers de gens sont privés de leur simple et vrai plaisir dominical, cette communauté
a développé sur les quais depuis plusieurs dizaines d'années
une véritable culture populaire menacée de destruction.
En règle générale, les
lieux de pêche sont les bordures de plages,
gravières, fonds de sable et vase, embouchures des rivières, canaux.
Sur les côtes rocheuses, vous les chercherez sous les bancs de moules.
Pas forcément loin du bord, selon du bord proprement dit à 10/15mètres.
Le
bromège, ou " broumèdge " : avant même de monter la ligne, il faut commencer à attirer
et exciter le poisson. Vous vous cachez comme les indiens à
l'affût, vous jetez par très
petites quantités, continuellement,
discrètement, des moules écrasées, les pinces, pattes
et coquilles broyées de crabes avec lesquels vous allez pêcher,
arapèdes concassées, enfin tous produits de la mer sapides
dont les effluves attirent et excitent le poisson.
En même temps, il faut préparer la ligne :
- La
canne, longueur environ 3,50 mètres,
légère parce que vous allez la manier très souvent, et surtout,
indispensable, à
BUSCLE. Le
buscle est
le dernier embout ou dernier tronçon ou scion
pour les cannes télescopiques, ultrasouple et ultra fin. Il est long d'environ
50 centimètres et est muni de 6 ou 7 ou 8 anneaux de plus en
plus petits jusqu'à devenir minuscule pour le dernier, et de
plus en plus rapprochés. La prochaine fois, vous aurez
peut-être la photo ou le dessin. Le buscle est l' indicateur
discret des touches ultrasensibles de la dorade.
- Le
moulinet : petit, léger, et SUR.
Il serait insupportable de perdre un poisson parce que le frein
est approximatif, parce que le pick-up pique mal, qu'un point
de rouille fait exploser le fil…
-
Le montage : pêcher fin, c'est avoir beaucoup plus de
touches et de bien meilleures sensations, mais il faut maîtriser
l'action de pêche. Corps de ligne 150 à 200 mètres de
22 ou 24/100èmes,
la bobine doit toujours être pleine pour un lancer précis et
optimum.
Plomb olive coulissant,
le plus léger possible : 5 à 15 grammes, maxi 20 g selon
la distance à atteindre, le vent, le courant, les vagues.
Emerillon le plus petit possible,
neuf, c'est à dire pas rouillé. Certains mettent un petit
morceau d'allumette fixé avec une double clé, mais, cela ne
me paraît pas très sur. L'
hameçon,
blanc, à palette, pointe rentrante. Mes préférés sont de
la marque Lion d'Or, conditionnés par 50 dans des petites
boites de carton blanc, difficiles à trouver. Beaucoup pêchent avec des
hameçons bleus, à la courbe large et incurvée. L'hameçon doit être solide
et piquant. L'hameçon est monté sur environ 80 centimètres
de fil inférieur au corps de ligne,
20 ou 22/100èmes de mm.
N'hésitez pas à systématiquement changer le bas de ligne
et/ou l'hameçon après une prise, ou un frottement suspect
sur les rochers, un noeud malencontreux lors du lancer...
Quelquefois, l'hameçon a souffert sans qu'on ait eu à ferrer,
et sa pointe est émoussée. Il faut toujours la vérifier.
- L'
appât : moule ou crabe
décortiqué. Vous pouvez aussi pêcher au
bibi/gros
vers blanc
translucide, au
lingoumbaou/mini
homard translucide, à la
piade,
au crabe vivant… mais ce sont des pêches d'attente.
Si les dorades sont là, c'est super, sinon il faut attendre.
Je préfère des pêches plus actives et je pense qu'on a comme ça
plus de chances de faire pêche.
Commençons par les
moules. Il
est plus intéressant de les faire sur les rochers que de les
acheter. D'abord, c'est moins cher, ensuite elles sont de
différentes tailles, et enfin elles sont beaucoup plus
iodées, et normalement plus familières aux poissons du cru.
A Marseille, il est préférable de les pêcher dans les endroits
où elles abondent, c'est à dire dans les quais
(ne mangez pas celles-là), à la main dans les quelques endroits
accessibles ou muni d'une "
gratte ",
cage de fer grillagée avec sur un côté une rangée de dents
d'acier et de l'autre un solide manche à rallonges. Les
grattes sont toujours bricolées .
Si vous les ramassez sur les digues ou côtes rocheuses,
svp faites attention à la survie de l'espèce à l'endroit
où vous les faites, ne raclez pas les rochers, ne
cueillez que le strict nécessaire à la pêche et si vous êtes
dans un endroit sauvage, toujours battu par les vagues, loin
des effluents pollués, il est recommandé de chacler/déguster
les plus belles.
Pour
appâter, maintenant, il faut
être chirurgien et couturier. Chirurgien parce qu'il faut,
pour pêcher à la
moule ouverte,
entrouvrir la moule, décoller la chair de chaque côté de la
coquille à l'aide de la lame du couteau sauf une partie des
nerfs de l'extrémité de la coquille. Maintenant, la chair de
la moule pend de la coquille et il faut maintenant " coudre "
avec le fil et l'hameçon en guise d'aiguille. Bien entendu,
vous avez monté l'hameçon dans les règles de l'art, le fil
côté courbe intérieure de l'hameçon, la ligature coupée à ras.
Vous cousez, c'est à dire que vous visez des parties de la
moule qui ne se déchireront pas, vous piquez avec l'hameçon, faites passer la palette, puis 10 cm de fil, puis vous recommencez en veillant à ne pas
former de noeuds 2 ou 3 ou 4 fois selon la grosseur de la moule,
de l'hameçon, qu'il s'agisse de moule de roche ou non
(la moule de roche a une certaine tenue) puis vous piquez la
pointe de l'hameçon dans le nerf de la moule et faites
ressortir la pointe vers l'extérieur. Vous tirez maintenant
délicatement le fil en aidant du bout des doigts un ou deux
points à repasser l'obstacle de la palette.
Une variante : vous pouvez aussi récupérer la chair d'une
moule, la coudre sur le fil et procéder comme sus-indiqué
pour améliorer le panier repas.
Voilà le spectacle : plomb olive, émerillon, fil, moule,
et coquille de moule.
On peut aussi pêcher à la
moule emboîtée :
la chair d'une ou plusieurs moules est emboîtée dans deux
coquilles imbriquées l'une dans l'autre, dans ce cas on pêche sans plomb
à cause du poids certain des coquilles. ou
à l'assiette
: toute la chair d'une moule est ramenée et cousue sur une
demi-coquille (voir technique moule à la pierre, c'est pareil sauf la pierre)
Pour
le crabe, de préférence les
favouilles pêchées à même les rochers, (c'est du sport),
il faut enlever les pattes, la carapace sous laquelle il y a de
la matière semi-liquide vert/orange super odorante, fendre le crabe
en deux moitiés en suivant la prédécoupe naturelle. Il faut
ensuite piquer la pointe de l'hameçon dans un trou de patte,
la faire ressortir par un autre de la première moitié, bien
dégager pour encore piquer la deuxième moitié par un orifice et
faire ressortir tout l'ardillon.
Maintenant, il faut
pêcher.
Vous n'avez pas oublié d'encore broméger. Le lancer doit être
précis sur le lieu de bromège, et souple parce que la moule ne
tient qu'à un fil… vous faites en sorte de freiner, presque
stopper le fil avant qu'il ne touche l'eau pour avoir
l'alignement parfait du montage. Vous freinez aussi légèrement
pendant que le bas de ligne descend, toujours dans le même but
d'avoir une ligne parfaitement alignée au fond.
C'est une pêche très active, la touche éventuelle doit être
assez rapide, si les dorades ou blanquettes sont là..
Imaginez la scène : tous les poissons sont attirés par les
effluves du bromège, et la concurrence qui s'exerce entre eux
les excite et les incite à prendre des risques. Les plus
téméraires sont les petits, qui viennent en bouquet autour du
crabe, qui tient un moment du fait de sa consistance. Pour la
moule, c'est la coquille qui peut rebuter, mais pas longtemps.
La ou les dorades tournent au dessus et autour, c'est un
poisson méfiant, jusqu'à décision de fondre sur le crabe et le
machouiller, ou le broyer et le recracher. Le buscle est utile
car si la dorade sent de la résistance à ce moment-là, elle ne
reviendra plus.
Quelquefois, la dorade se pique seule et alors elle prend
beaucoup de fil sans prévenir. On comprend pourquoi il faut
que le frein soit réglé de façon telle que le fil se déroule
mais pas trop parce qu'autrement c'est la bobine en pelote.
Horreur malheur. Mais il ne faut pas croire au Père Noël,
le plus souvent, il faudra ferrer. Quand ? that's THE question.
Lorsque le bout du buscle oscille très lentement, différemment
des mouvements provoqués par les toc toc des petits poissons,
il est probable qu'à cet instant précis la dorade mâchouille.
Il faut, dans la fraction de seconde, on tient déjà le fil
entre le pouce et l'index d'une main et le pied de la canne
posée dans l'autre, faire un ou deux ou même trois mètres en
arrière pour ferrer le poisson. Attention à ne pas casser,
le fil est fragile, donc vous jouez avec le fil dans la main
gauche, puis ensuite avec le frein du moulinet que vous allez
régler progressivement. Plus le poisson est loin, plus il y a
de fil dans l'eau, plus grande est la résistance du fil.
Méfiez-vous, plus le poisson se rapproche, plus il faudra
desserrer le frein parce qu'il y a moins de distance,
donc le fil est moins élastique, le fil a frotté sur le corps
du poisson lorsque celui-ci s'est mis en travers et peut-être
aussi contre sa mâchoire.
Un truc : la dorade peut
quelquefois se bloquer à fond, derrière un quelconque obstacle.
on maintient une certaine tension sur le fil, sans tirer comme
un sauvage, la dorade monte seule vers la surface.
La suite est
plus facile, mais très délicate pour les grosses pièces. Il
faudra fatiguer le poisson, céder du fil pendant les rushes,
et en reprendre dès que possible. Le fil doit toujours être
en tension. Grand
salabre/épuisette à
l'arrivée.
Bravo !